La collection « Alewita »
Une société animiste au XXI siècle, « les Hommes Fleurs »
Au coeur de la forêt primaire indonésienne, nous sommes rassemblés dans la “uma”, la maison clanique du chaman Aman Lau Lau, soudain, un souffle d’air étouffe l’unique lampe à huile, nous sommes happés par l’obscurité. Spontanément retentit en coeur un « ALEWITA !!! » Le clan souhaite la bienvenue à l’esprit qui vient de s’inviter en éteignant la lampe !
Bienvenue à Siberut « l’île des serpents » – en langue vernaculaire – sur l’archipel des Mentawaï, Sumatra Ouest, Indonésie, quasiment sous l’équateur dans l’Océan Indien. ALEWITA !!!
A Siberut, l’atmosphère (« la sphère des âmes »), est résolument mystique et les cérémonies animistes omniprésentes. Le sens de la vie de ces sociétés chamaniques est une recherche permanente d’équilibre entre les âmes présentes dans tout être et toute chose, hommes, animaux, vivants, morts, arbres, plantes, pierres, rivières… Les « Hommes Fleurs » vivent en symbiose totale avec la forêt primaire sub-tropicale.
La collection “ALEWITA”, Chamans de la forêt» collectée par Franck, archéologue et collectionneur d’art, devenu à cette occasion ethnologue, comprend un ensemble de pièces d’art primitif et d’objets ethnographiques. La collecte a été réalisée de 2002 à 2007 sur l’île de Siberut au cours de nombreuses expéditions en speed-boat, en pirogue, à pied, en mer, sur les rivières, dans la forêt primaire et la mangrove avec des équipes locales.

Genèse, intérêt et destination de la collection ALEWITA
Au coeur de la forêt primaire indonésienne, nous sommes rassemblés dans la “uma”, la maison clanique du chaman Aman Lau Lau, soudain, un souffle d’air étouffe l’unique lampe à huile, nous sommes happés par l’obscurité. Spontanément retentit en coeur un « ALEWITA !!! » Le clan souhaite la bienvenue à l’esprit qui vient de s’inviter en éteignant la lampe !
Bienvenue à Siberut « l’île des serpents » – en langue vernaculaire – sur l’archipel des Mentawaï, Sumatra Ouest, Indonésie, quasiment sous l’équateur dans l’Océan Indien. ALEWITA !!!
A Siberut, l’atmosphère (« la sphère des âmes »), est résolument mystique et les cérémonies animistes omniprésentes. Le sens de la vie de ces sociétés chamaniques est une recherche permanente d’équilibre entre les âmes présentes dans tout être et toute chose, hommes, animaux, vivants, morts, arbres, plantes, pierres, rivières… Les « Hommes Fleurs » vivent en symbiose totale avec la forêt primaire sub-tropicale.
La collection “ALEWITA”, Chamans de la forêt» collectée par Franck, archéologue et collectionneur d’art, devenu à cette occasion ethnologue, comprend un ensemble de pièces d’art primitif et d’objets ethnographiques. La collecte a été réalisée de 2002 à 2007 sur l’île de Siberut au cours de nombreuses expéditions en speed-boat, en pirogue, à pied, en mer, sur les rivières, dans la forêt primaire et la mangrove avec des équipes locales.
UNE COLLECTION D’ART ET D’ETHNOGRAPHIE
« ALEWITA chamans de la forêt »
La diversité et l’exhaustivité de la collecte permettent à travers cette série unique, de suivre la vie spirituelle (catégorie 01 et 02) et quotidienne (catégorie 03 et 04) des Mentawaï. La catégorie 05 est consacrée aux objets qui on été fabriqués pour être vendus aux amateurs d’art tribal même si souvent les techniques de fabrication sont traditionnelles, on trouve aussi des objets inspirés des graphisme traditionnels mais dont l’esthétisme est est clairement une recherche commerciale, ces objets on fait l’objet de quelques articles notamment par Reimart Sheffold.
Chaque pièce fait l’objet d’une fiche muséographique complète indiquant
La catégorie, le numéro, le nom de la pièce, le nom vernaculaire en Mentawaï, la provenance (île et village d’origine si connu), l’époque, les matières utilisées, les dimensions de l’objet, l’utilisation de l’objet et son histoire lorsque qu’elle à pu être recueillie en tradition orale lors de la collecte, le commentaire des photos supplémentaires à la suite des photos de l’objet, parfois des références bibliographiques.
01 – Le culte animiste de cette société chamanique :
« L’harmonie des âmes »
Les pièces de cette catégorie (difficiles à collecter actuellement), matérialisent cette continuité entre l’homme et la nature régie par un principe unique de la cosmogonie des Hommes Fleurs : le monde réel est constitué des âmes qui peuplent l’environnement comme elles habitent tout être et tout objet. Toutes ces pièces sont les maillons intermédiaires entre les deux mondes.
Les oiseaux en bois, “jouets des âmes”, sont à eux seuls un symbole de l’univers des clans.
Les panneaux sculptés et les crânes ont un rôle important dans l’équilibre des âmes entre les sphères du monde surnaturel et le monde matériel.
Certaines pièces sont cérémonielles et leur esthétique est exceptionnelle comme les sinaiming, pagaies de rivière. Des fétiches protecteurs tels que les jaraik aux pouvoirs magiques représentent leurs concepts d’êtres supranaturels en alliant les qualités de différents animaux. Les impressionnantes kirekat, planches pour le culte des morts sont très rares.
02 – Les tenues et objets des chamanes :
« Le chaman, médium et medecine-man »
Médiateur entre les hommes et le surnaturel, le sikerei a pour fonction de restaurer l’équilibre entre ces deux sphères. Sa principale tâche est de rappeler l’âme des personnes affectées par une maladie ou un accident, de façon à ce quelle réintègre sa moitié charnelle, apportant ainsi la guérison. Le “sikereï” communique aussi avec les esprits pour invoquer des chasses abondantes après les sacrifices. Dans cette société acéphale, les chamanes sont les dépositaires des lois qui régissent les clans dans le rôle du rimata.
Cette partie importante de la collection est constituée de pièces ayant été utilisées par les chamanes (sikerei). Toutes ces pièces sont rares et il est très difficile de collecter ces objets qui sont tabous pour les « Hommes Fleurs”
Tout d’abord leur tenue : des coiffes en plumes jusqu’au “sabok”, ceinture-tablier de “sikereï”. Ensuite leurs accessoires tels que baguettes magiques, cloches pour appeler les esprits, plats rituels pour présenter les plantes médicinales, ou “salipa”, boîtes sacrées pour ranger leur pharmacopée.
03 – La chasse, la pêche et la cueillette :
« La vie quotidienne du clan »
On peut être stupéfait de voir le nombre très réduit de matières premières utiles à la vie des Mentawaï. Dans toute la panoplie chasse pêche ainsi que vie quotidienne, on trouve le métal seulement pour quelques pointes de flêche, harpons de pêche lames de couteau et machettes et haches. Tout le reste est constitué de 7 composants végétaux principaux : le bambou, le rotin, le cocotier (bois, noix, fibre, feuilles), le sagoutier (farine, nervures, piquants, écorce, feuilles), un bois léger et blond, un bois dur et fonçé, le patdegat, une variété de bois de fer, le ficus pour son écorce “kabit”. On peut ajouter aux matières premières les os de singe, dards de raie, galuchat, écailles de tortue, glue naturelle. Toutes les ressources sont tirées avec parcimonie de la nature dans un vrai souci de gestion physique et spirituel de l’environnement pour un renouvellement durable des gibiers et matières premières dans le respect de l’équilibre des âmes. Lorsque les « hommes fleurs » partent à la chasse au singe, ils sacrifient au cours d’une cérémonie un animal domestique (poule ou cochon) en échange de la vie des animaux sauvages qu’ils vont prendre à la forêt et seront ainsi favorisés en retour par une bonne chasse.
On trouve entre autres dans cette catégorie les arcs, flèches empoisonnées, nécessaire à fabriquer le poison, ainsi qu’un abondant matériel pour la pêche à la tortue marine dont les ramau jarik, flotteurs, sont de véritables oeuvres d’art minimalistes
04 – La vie quotidienne :
« Une belle âme dans un beau corps »
Les Mentawaï se tatouent, se taillent les dents en pointe, se parent de fleurs. L’embellissement de leur corps est nécessaire pour que leur âme se sente bien dans leur corps, ils sont éduqués à l’esthétisme depuis leur plus jeune age. Cette recherche d’élégance de la forme et des proportions est une constante que l’on retrouve jusque dans la plupart des objets de la vie quotidienne.
On trouve ici beaucoup d’objets de la maison, plats, écuelles, couteaux, pilons ainsi qu’une belle série de paniers en vannerie de rotin, des outils pour extraire la farine de sagou. Ces pagaies de mer sont les dernières fabriquées et utilisées puisque remplacées par les moteurs hors-bord.
05 – Pièces artisanales :
Cette catégorie est consacrée aux objets qui on été fabriqués pour être vendus aux amateurs d’art tribal même si souvent les techniques de fabrication sont traditionnelles, on trouve aussi des objets inspirés des graphisme traditionnels mais dont l’esthétisme est est clairement une recherche commerciale, ces objets on fait l’objet de quelques articles notamment par Reimart Sheffold.
La collection peut aussi comprendre les droits sur un fonds de documents constitué d’un ensemble de photographies, de vidéos et des enregistrements sonores réalisés par Franck Noell. Ces documents montrent des rituels de sacrifices, des danses de chamanes, ainsi que la vie quotidienne des Mentawaï. La collection comprend aussi quelques cartes postales anciennes.
Bref historique des collectes sur l’archipel des Mentawai
L’archipel de Mentawaï est constitué de 4 îles, du nord au sud : Siberut, Sipora, Pagaï Nord, Pagaï Sud. Les seules habitées sont Siberut et Sipora. Siberut est la seule encore couverte de forêt primaire et vraisemblablement la première à avoir été habité par l’homme.
Le Musée de l’Homme a transféré ses collections ethnographiques au Musée du quai Branly en 2003. La collection compte 73 pièces collectées en 2000 par une étudiante en ethnologie, INTU BOEDHIHARTONO à Siberut, et documentée par A. Guerreiro, au musée de l‘Homme en 2001. Le musée possédait déjà deux boucliers de Mentawai, probablement originaires de Pagaï/Sipora.
Le Rijksmuseum voor Volkenkunde, à Leyde au Pays-Bas compte 189 pièces, collectées entre 1898 et 1996, une belle collection surtout pour ses boucliers et couteaux.
La première collecte exhaustive de pièces sur l’archipel des Mentawaï a été réalisée par l’italien, Elio MODIGLIANI. Entre 1886 et 1894 ce courageux ethnologue, naturaliste, photographe… a collecté de nombreuses pièces et réalisé des photographies sur l’île de Sipora en 1893, elles sont visibles au Museo Nationale di Antropologia e Etnologia à Florence.
La deuxième collecte a été réalisée par Reimar SCHEFOLD professeur d’anthropologie à l’université de Leyde aux Pays-Bas, lorsqu’il réalisa plusieurs séjours à Siberut pour étudier le clan des Sakkudeï dans les années 1970 et 1980 (Cf. Reimart Shefold in « Spiezlzeug fûr die Seelen »1980).
Quelques antiquaires indonésiens sont venus acheter des objets mais jamais de manière très exhaustive. La collection ALEWITA, est certainement la dernière collecte de cette importance possible. La collecte exhaustive et de pièces de qualité nécessite de longs et nombreux séjours afin de développer des relations de confiance avec les Mentawaï de la forêt.