Réf. 03-026-01 :
Nom Mentawai : Koraîbi
Siberut, XXe siècle
Bois léger, pigments naturels rouges et noirs ( h 117cm, l 40 cm, ep 2 cm)
On note la présence de petits trous au-dessus et en dessous de l’axe de la poignée, certainement pour la fixation de la noix de coco perdue située devant la poignée pour protéger les doigts, comme sur tous les boucliers de Mentawai.
Les boucliers ont été utilisés pour la chasse aux têtes, jusqu’à la fin de la moitié du XX siècle soit les années 1950.
La plupart des boucliers connus de mentawai sont des collectes du début du XIX ième et début du XX ième siècle.
Nous avons recceuilli à Maillepet en 2005, le témoignage de Teteutapulu fils du sikereî Ruautek, qui nous a raconté la fuite de son clan entre Simantalu et Sepungan suite à une attaque d’un autre clan. Teteutapulu, agé d’environ 70 ans en 2005 devait avoir entre 10 et 15 ans lorsque sont père fut tué et mangé par la tribu ennemie.
La forme du bouclier est la forme traditionnelle des boucliers de Mentawai.
Les barbelures sur la pointe se retrouvent sur d’autres exemplaires.
Les décors périphériques de ce bouclier au recto et au verso sont puisés dans la charte graphique traditionnelle de Mentawai, on retrouve ce décor sur le linteau sculpté (ref 01-048-01), ce décor représente la stylisation des vagues (l’énergie et la puissance de la mer).
Ces tourbillons sont sensés avoir la puissance de dévier les flêches (cf Juniator Tulius et Linda Burman-Hall, Primates et oiseaux de sabulungan page 471 – 2022 )
On touve aussi un crocodile et une main type kirekat( voir ref 01-041-01) certainement pour évoquer la mort. Voir aussi bouclier avec une main bakulu (Cf Reimart Shefold in « Spiezlzeug fûr die Seelen » pages 18, illustration N°19)
On peut noter que dans de nombreuses tribus animistes comme les Asmats et les Mentawais, les boucliers étaient utilisés pour la chasse aux têtes et la chasse s’arrêtait après la capture d’une tête. Chez les Asmat c’était lors du rite de passage à l’age adulte, à Mentawai, c’est après la construction et « l’inauguration » d’une nouvelle Uma. On note aussi la présence de deux points au verso dans le bas au-dessus de la pointe du bouclier ainsi que deux autres points coté intérieur dans le haut, dans le décor des angles.
Photos (N° 1 et 2) recto et verso détails Photos (N° 3 et 4) détails du crocodile et da la main kirekat photo (N° 5) détail des trous de fixation de la noix de coco perdue au dessus et dessous l’axe de la poignée coté extérieur.
Bibliographie : ref 5769-4 du Tropenmuseum entre 1925 et 1969 un bouclier avec deux mains kireka gravées.
Collection privée Franck Noell